Yâsîn Robert, après une école d’art, s’est tourné vers le graffiti, avant de revenir à une peinture plus classique. Il y montre des paysages de banlieue familiers (tours, voitures, usines…), mais en total décalage avec l’héritage pictural auxquels ils font référence. On y voit des lieux incertains, ni vides ni occupés, ni à la ville ni à la campagne, entre deux. Comme un écho à ce rapport particulier au monde: ni dehors, ni dedans, entre extrême sensibilité et pur détachement.

 

A l'heure des images de masse, produites, consommées et aussitôt oubliées, ces images revendiquent le temps d'une peinture pensée et exécutée sur le motif, dans des lieux d'ordinaire regardés avec mépris, indifférence ou crainte : sanctuaires de verdure au milieu des barres de béton, quartiers HLM tentaculaires...

 

Le peintre y est un habitant, un battement de coeur parmi d'autres. Ni exceptionnel, ni insignifiant...La peinture est le moyen pour lui d'un cheminement spirituel, qui viendrait défier la modernité dans ce qu'elle peut avoir de plus brutal, de plus inhumain.

Dans ses paysages, l'immeuble remplace la cathédrale, la ruine classique. Les immeubles se dressent comme les derniers piliers d'un monde qui tombe en ruines, les dernières choses qui tiennent debout quand tout le reste s'écroule...